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A MYLORD SOMMERS.

que j’épargne cette peine, & à moi, & à mon Lecteur.

On ſera curieux, peut-être, de ſavoir pourquoi je n’ai pas plutôt donné ces Ouvrages au public : je reponds, que c’eſt pour deux raiſons. Premierement, j’ai cru pendant tout ce tems pouvoir m’occuper d’une maniere plus lucrative : en ſecond lieu, j’ai toujours eſperé d’entendre quelque nouvelle de l’Auteur, & de recevoir de ſa part quelques avis utiles pour mon Edition. Si je me ſuis déterminé enfin à m’en paſſer, c’eſt que j’étois averti qu’on menaçoit ſourdement le public d’une certaine Copie, qu’un des plus beaux Eſprits du ſiécle s’étoit donné la peine de polir, ou, comme parlent nos Auteurs à la mode, qu’il avoit accommodé au goût de notre âge. Ni l’expreſſion, ni la choſe même, ne ſont pas tout-à-fait nouvelles : on a déjà pratiqué cette methode avec grand ſuccès à l’égard de Don Quichotte, de Boccalin, de la Bruyere, & d’autres Auteurs diſtinguez. Quelque jolie que ſoit cette invention, j’ai trouvé plus de franchiſe à donner l’Ouvrage in puris naturalibus.

Si quelqu’un veut me procurer une Clef propre à en découvrir les Miſtéres, je lui en ſerai très-obligé, & je la ferai imprimer avec plaiſir.

EPI-