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A MYLORD SOMMERS.

d’Autriche ; avec vos talens merveilleux pour l’ajuſtement & pour la danſe, & avec votre profond ſavoir dans l’Algèbre, les Mathematiques, & les Langues Orientales : en un mot, je m’attendois à quelque choſe, où ni moi ni le public ne devions pas naturellement nous attendre. C’eſt-là ce qui m’auroit accommodé à merveille : car, d’aller jetter à la tête des gens la vieille Hiſtoire de votre génie, de votre ſavoir, de votre ſageſſe, de votre juſtice, de votre politeſſe, de votre candeur, de l’égalité de votre ame dans toutes les revolutions differentes de la vie humaine, de votre diſcernement à déterrer le merite, & de votre promptitude à l’honorer de vos bienfaits, & mille autres lieux communs, ce ſeroit en vérité ſe moquer du monde. Qui peut ignorer, qu’il n’y a point de vertu qui concerne, tant la vie publique, que la vie particulière, dont dans les différentes conjonctures de la vôtre vous n’aïez donné de brillans exemples ? Il eſt bien vrai, que vous avez un petit nombre de grandes qualitez, qui auroient été inconnues à vos amis, faute d’occaſion de paroitre avec éclat ; mais, vos Ennemis ont eu le ſoin