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LE CONTE

legories, & de metamorphoſer tout ce qui eſt litteral & ſimple en figures & en myſteres.

Jean s’étoit fourni d’une belle copie du Teſtament de ſon Pere, écrite ſur une grande feuille de parchemin ; &, pour jouer le rolle d’un bon Fils, il devint amoureux à la folie de ce parchemin reſpectable[1].

Quoi que le Teſtament, comme j’ai déja dit pluſieurs fois, ne contint que des Regles claires & aiſées, touchant la maniere de porter, & de menager, les trois Habits, ſoutenues & fortifiées par des promeſſes & par des menaces, le bon-homme Jean ſe mit dans l’eſprit, qu’il y avoit quelque ſens profond & obſcur, & que, ſous cette écorce de ſimplicité, elles cachoient de grands Myſteres[2]. Meſſieurs, diſoit-il à ſes

  1. Il y a un bon nombre de Dévots ſuperftitieux, qui ont une venération particuliere pour la figure exterieure de la Bible, à l’imitation des Mahometans, qui témoignent le plus profond reſpect pour leur Alcoran.
  2. Il eſt certain, qu’il y a des Chrétiens aſſez fous, pour ne trouver rien de litteral dans la Bible, & pour chercher des Myſteres dans les Recits les plus ſimples. Tel eſt un Profeſſeur fa-