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9 verso
PREFACE

J’avoue que l’Auteur auroit bien fait de badiner un peu plus ſagement, & de ne pas mêler à ſes Ironies certains Tours gaillards, qui révoltent une Imagination un peu délicate. J’ai adouci ces Endroits autant qu’il m’a été poſſible ; & j’oſe eſperer que la Pudeur du Public François ne ſe gendarmera jamais contre mes Expreſſions.

Je conviens encore, qu’à mon avis l’Auteur auroit agi ſagement, en écartant toujours de ſes Badinages tout Paſſage formel de l’Ecriture Sainte. Il eſt vrai qu’il ne les turlupine jamais dans leur Sens naturel, qui dans le fond eſt le ſeul reſpectable ; il n’en tourne en ridicule que l’aplication honteuſe, qu’en font des eſprits foibles : mais, tous les Lecteurs ne ſont pas capables de faire cette Diſtinction, qui eſt quelquefois aſſez délicate ; & il y a de la charité, & de la prudence, à leur épargner ces ſortes de Scandales.

Il n’importe gueres, qui ſoit l’Auteur de cet Ouvrage. Je drai pourtant, que des gens l’ont attribué au célèbre Chevalier Temple ; mais, que l’Opinion générale le donne au Docteur Swift, Miniſtre Anglican, & un des plus beaux