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LE CONTE

dre, qu’il ſeroit fort propre à ſes airs & ſes manieres me trompent fort, ſi ce n’eſt pas là ſon veritable élement, & s’il n’y ſeroit pas une figure admirable[1].

Je n’entrerai pas dans un aſſez grand détail, pour faire voir le grand nombre de Petits-Maitres, de Muſiciens, de Poëtes, & de Politiques, que notre Nation gagneroit par une Réformation de cette nature. J’en ai dit aſſez, pour donner une idée du gain, que feroit la Societé, par l’acquiſition d’un grand nombre de perſonnes, dont les talens, enfoüis à preſent, ou du moins s’enrouillant faute d’exercice, pourroient être très-utilement emploïez.

Ce qu’il y a de plus conſiderable encore, c’eſt que toutes ces perſonnes ne manqueroient pas d’exceller chacun dans ſon genre, & de parvenir au plus haut point de perfection ; ce qui paroit clairement par ce que j’ai déja dit, & qui paroitra encore avec plus d’éviden-

  1. L’Auteur ne s’explique point clairement ici. Si j’oſois hazarder une conjecture, je devinerois que le Caractere de cet Habitant de l’Hopital des Fous fait alluſion à quelque Favori qui l’orgueil avoit fait tourner la tête.