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LE CONTE

tre des armées & à ſe laiſſer battre, à chaſſer les Princes de leurs Etats, à éfraïer les Enfans d’une maniere à leur faire tomber les tartines des mains ; en un mot, à bruler, à ravager, à dragonner, à ſaccager, à maſſacrer, ſujets & ennemis, mâles & femelles[1]. Les Philoſophes Contemporains de ce Prince mettoient leur eſprit à la gêne, pour trouver les cauſes Phyſiques, Politique, & Morales, dont il falloit déduire ce Phénomene ſurprenant. A la fin, la vapeur, qui troubloit le cerveau de ce Conquerant, s’étant miſe à circuler, ſe fixa ſur cet endroit du Corps humain ſi renommé, par ſon talent de produire la Zibeta Occidentalis[2] ; &, ſe raſſemblant-là dans une tumeur, laiſſa dans cet intervalle l’Univers en repos.

On voit par-là de quelle conſequence eſt le cours que prennent ces exhalaiſons, & comme il importe peu de quelle origine elles dérivent. Les mê-

  1. C’eſt Loüis XIV.
  2. Zibeta Orientalis, c’eſt le Muſc. Zibeta Occidentalis, c’eſt quelque choſe de fort contraire au Muſc, quoi qu’elle ſorte d’une ſource toute pareille.