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DU TONNEAU.

fumée du feu. Cependant, toutes les nuées ſont de la même nature ; & l’odeur, qui ſort d’un fumier, fait un nuage d’un auſſi grand mérite, que celle qui ſe répand d’une maſſe précieuſe d’encens.

De ces veritez de fait, qu’on ne ſauroit me conteſter, il ſuit évidemment, que comme l’air ne produit jamais de la pluïe, que lorſqu’il eſt troublé & ſurchargé d’exhalaiſons ; de la même maniere, l’eſprit humain, qui habite le cerveau, doit étre troublé, & accablé de vapeurs exhalées des parties inférieures, pour produire quelque choſe d’extraordinaire. Oops !

Or, quoique ces vapeurs, comme je l’ai déja dit, ſortent d’autant de differentes ſources que celles qui montent vers le Ciel, l’effet, qu’elles produiſent, ne ſe ſent point de cette difference. Il eſt ſeulement varié, tant par rapport à l’eſpece, qu’au degré, ſelon la differente ſituation du cerveau, dans lequel il eſt formé. Je me ſervirai ici de deux fameux exemples, pour prouver, & pour éclaircir ce que je viens d’avancer.