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LE CONTE

redevable de toutes ces fameuſes révolutions ont ſoufert de grandes alterations dans leur bon-ſens, par leur nourriture, par leur éducation, par une certaine inclination dominante, ou par une influence particuliere de l’air qu’ils reſpiroient, ou du climat ſous lequel ils ont été obligez de vivre.

D’ailleurs, il y a dans l’eſprit humain quelque choſe de ſingulier & d’individuel, qui ſe reveille ſouvent par le choc accidentel de certaines circonſtances, qui, minces & peu conſiderables en elles-mêmes, ne laiſſent pas de produire ſouvent les évenemens les plus merveilleux. Les grandes revolutions n’ont pas toûjours de grandes ſources, & il importe peu par quelle cauſe les paſſions ſont enflammées, pourvu que les fumées s’en elevent juſqu’au cerveau. La Région ſuperieure de notre tête eſt dans la même ſituation, que la moïenne Region de l’air : les matiéres, qui s’y conduiſent, en ſont d’une nature très-differentes ; mais, elles y deviennent toutes de la même ſubſtance, & produiſent les mêmes effets. Les vapeurs s’élevent de la terre, les exhalaiſons de la mer, & la