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DU TONNEAU.

rences, que leurs organes paroiſſoient mieux diſpoſez, que ceux des hommes, pour donner entrée à ces Tourbillons prophétiques, qui, paſſant à leur aiſe par un receptacle de plus grande capacité, cauſoient en chemin faiſant certaines demangeaiſons propres à produire des extaſes charnelles, qu’on pouvoit pourtant ſpiritualiſer, par un ménagement un peu adroit.

Cette ſavante conjecture eſt confirmée par la coutume, qui regne encore aujourd’hui parmi les Æoliſtes les plus épurez, de confier le Sacerdoce à des Prêtreſſes, & de ſe plaire à recevoir l’Inſpiration par les mêmes conduits par où les Sybilles & les Pythies les transmettoient à leurs devots.

Lorſque l’eſprit humain lâche la bride à ſes penſées, il ne s’arrête jamais, mais il traverſe, par une courſe continuelle, les extrémitez du haut & du bas, du bon & du mauvais. Les premieres ſaillies de l’imagination le portent d’ordinaire aux idées de ce qu’il y a de plus parfait & de plus accompli : mais, quand il s’eleve au deſſus de ſa portée, il n’eſt plus capable de diſtinguer les limites qui ſéparent la hauteur d’avec la profondeur ;