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LE CONTE

Conſequemment à ce principe, ils ſoutenoient, que chaque homme apporte avec lui dans le Monde une certaine portion de Vent, qu’on peut apeller une Quinteſſence extraite des quatre autres. Cette Quinteſſence eſt d’un uſage univerſel, dans toutes les circonſtances de la vie : elle influe ſur tous les Arts, & ſur toutes les Sciences ; & elle peut être merveilleuſement augmentée & rafinée par l’éducation.

Dès qu’on a réüſſi à l’enfler, juſqu’au point de ſa perfection, on ne doit pas la renfermer, & la reſerver avaricieuſement pour ſoi-même : au contraire, il faut la prodiguer généreuſement à tout le genre-humain.

Fondez ſur ces raiſons, & ſur d’autres du même poids, les Æoliſtes les plus illuminez aſſeurent, que l’Eructation[1] eſt l’acte le plus noble de la Creature humaine ; &, pour en cultiver le talent, en faveur de toute la Societé des hommes, ils ſe ſont ſervis de pluſieurs differentes methodes. Dans certaines Saiſons de l’année, on peut voir les Prêtres

  1. La Faculté de lâcher les vents par la bouche.