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LE CONTE

Les principes, que j’ai établis ci-deſſus, me font eſpérer de voir encore le jour, où le Corps des Auteurs ſera en état de ſurmonter en raſe Campagne tous les autres corps de métier. Ce grand talent de faire des livres eſt derivé juſqu’à nous, avec pluſieurs autres heureuſes diſpoſitions, de nos Ancêtres les Scythes, parmi leſquels les plumes étoient ſi abondantes, que l’Eloquence Grecque n’a pas trouvé de figure plus pathétique pour l’exprimer, que de dire, qu’il étoit impoſſible de voïager dans leurs Pais, à cauſe de la prodigieuſe quantité de plumes, qui y voltigeoit dans l’air[1].

La néceſſité de cette Digreſſion en excuſera facilement l’étendue. Je l’ai placée dans le lieu le plus propre que j’ai pu trouver d’abord ; & ſi le Lecteur ſait lui aſſigner une place plus convenable, je l’en laiſſe le Maître, & je l’autoriſe à la rejetter dans quelque coin du livre, tout comme il le trouvera à propos. Pour moi, je me hâte d’en venir à une matiere plus importante.

  1. C’eſt, ſi je ne me trompe, Herodote, qui s’exprime ainſi, pour d’écrire la quantité de nége, qui tombe dans les Païs Septentrionaux.