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LE CONTE

L’aïant achevé, il tomba ſur la broderie chinoiſe chargée de figures d’hommes, de femmes, & d’enfans ; contre laquelle, comme vous avez apris ci-deſſus, le Teſtament ſe déclaroit d’une maniere très-claire, & très-vigoureuſe. Il en vint abſolument à bout, à force d’adreſſe & d’application. Pour la broderie d’or, ou d’argent, il y travailla avec moins de ſuccès, quoiqu’avec la même prudence. Dans certains endroits, elle étoit ſi épaiſſe, qu’il étoit impoſſible de la défaire ſans endommager l’habit même : dans d’autres, elle ſervoit à fortifier l’étoffe, & en cachoit certaines parties foibles, uſées à force de paſſer par les mains des Ouvriers. Le bon Martin crut que le meilleur parti étoit de n’y pas toucher[1], & qu’il faloit

  1. Par la Broderie il faut entendre, comme j’ai déja remarqué, la Pompe du Culte religieux. Martin trouva à propos d’en diminuer ſeulement l’excès, & l’abus, pour ne pas choquer les yeux du Peuple trop acoutumez à cet éclat, pour y renoncer ſans regrèt. L’Egliſe Anglicane en a uſé de même : & c’eſt pour cette raiſon, que l’Auteur en attribuë plûtôt la fondation à Martin, qu’à Jean ; quoique, par raport aux Articles de Foi, Jean en ſoit plûtôt le Fondateur, que Martin.