SECTION VI.
Continuation du Conte du Tonneau.
Ous avons laiſſé Mylord Pierre
dans une rupture ouverte avec
ſes Freres, chaſſez tous deux de ſa
maiſon, & envoïez chercher fortune dans
ce vaſte Univers, ſans avoir ſur quoi la
fonder. Triſtes circonſtances, qui les
rendent les ſujèts naturels de la plume
charitable d’un Auteur de bien, pour
qui d’ordinaire les Scenes les plus déplorables
préparent une moiſſon de grandes
& belles avantures.
C’eſt ici qu’on doit remarquer la difference, qu’il y a entre un Ecrivain généreux, & un Ami ordinaire. Le dernier s’attache inviolablement à la proſperité ; mais, il décampe au plus vite, à la moindre révolution. L’Auteur généreux, au contraire, ſe plait à trouver ſon Heros ſur le fumier, à l’en tirer, & à l’élever, par dégrez, juſque ſur le Trône. Il ſe retire enſuite, ſans attendre ſeulement qu’on le remercie de ſes bontez.
Pour imiter un ſi bel exemple, j’ai placé Mylord Pierre dans une bonne