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LE CONTE

puis à d’autres, & puis encore à d’autres ; & toujours avec le même ſuccès, demeurant toûjours Poſſeſſeur de ce qu’il avoit vendu.

Son ſecond projèt étoit le débit d’un remède ſouverain contre les vers, & ſur-tout contre ceux, qui ont leur ſejour dans la ratte[1]. Ce remede étoit fort aiſé à prendre : il s’agiſſoit ſeulement d’être trois nuits ſans manger quoique ce ſoit après ſoupé ; d’avoir ſoin en ſe couchant de ſe mettre ſur un coté, & de ſe tourner, dès qu’on étoit las de cette ſituation. Il falloit encore attacher en même tems les deux yeux ſur le même objet, & ſe garder avec ſoin de lâcher des vents par devant & par derriere, dans le même inſtant. Par l’obſervation exacte de cette recette, les vers ſortoient imperceptiblement par tranſpiration au travers du cerveau.

Sa troiſiéme invention fut l’établiſſement d’un Bureau pour le bien commun des Hypocondriaques[2] ; & de ceux qui étoient tourmentez de la Colique, des cu-

  1. Scrupules de Conſcience, Remords &c. Ce remede conſiſte en abſolutions, pardons, legeres penitences, &c.
  2. La Confeſſion.