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LE CONTE
SECTION II.
Commencement du Conte.
L y avoit un jour un homme, qui
avoit trois Fils de la même Femme,
& d’une même couche, ils étoient venus
au monde d’une manière ſi miraculeuſe,
que la Sage-Femme elle-même
ne pouvoit pas dire, qui des trois étoit
l’Ainé. Le Père mourut, lorſqu’ils
étoient encore fort jeunes. Mais, avant
que de rendre l’ame, il les fit approcher
de ſon lit, & leur tint le discours
ſuivant :
Mes Fils Je n’ai jamais cherché les biens de ce Monde, & je n’en ai point hérité de mes Péres. C’eſt pourquoi, j’ai rêvé long-tems en vain ſur les moïens de vous laiſſer quelque choſe de bon & d’utile. A la fin, à force de ſoins & de dépenſes, je vous ai pourvus chacun d’un bon habit neuf[1] ; les voici tous trois. Vous ſaurez, mes En-
- ↑ Les habits, c’eſt la Religion Chrêtienne ; & le Teſtament, qui contient des préceptes ſur la maniere de les porter, & de les conſerver, c’eſt l’Ecriture Sainte.