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Qu’un petit décrotteur nettoie d’abord vos souliers, de peur que vous ne salissiez la chambre, ensuite qu’il nettoie ceux de votre maître ; prenez-le à votre service exprès pour cela, et pour faire les commissions ; vous le paierez en rogatons. Quand vous êtes envoyé en commission, ne manquez pas d’en profiter pour votre compte, comme de voir votre bonne amie ou de boire un pot d’ale avec quelques camarades ; c’est toujours ce temps-là de gagné.

Les avis sont très partagés sur la manière la plus commode et la plus distinguée de tenir votre assiette pendant le repas ; les uns l’enfoncent entre le siège et le bois de la chaise, ce qui est un excellent expédient lorsque la structure de la chaise le permet ; les autres, de peur que l’assiette ne tombe, la serrent si fort que leur pouce va jusqu’au milieu du creux, ce qui, toutefois, si votre pouce est sec, n’est pas une méthode sûre ; je vous conseille donc, en ce cas-là, de le mouiller avec votre langue ; quant à cette absurde pratique de poser le dessous de l’assiette sur le creux de votre main, elle est tout-à-fait condamnée, étant sujette à trop d’accidents. D’autres encore raffinent au point de tenir leur assiette sous l’aisselle gauche, ce qui est le meilleur endroit pour qu’elle soit chaude ; mais qui peut être dangereux lorsqu’il s’agit d’emporter un plat, car votre assiette peut tomber sur la tête de quelque convive. Je confesse avoir moi-même désapprouvé tous ces moyens, que j’ai fréquemment essayés ; c’est pourquoi j’en recommande un quatrième, qui est de