Page:Swift - Instructions aux domestiques.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la mettre par terre et l’éteindre avec votre pied ; vous pouvez la renverser sans dessus dessous, jusqu’à ce que sa propre graisse l’étouffe, ou l’enfoncer dans la bobèche ; vous pouvez la faire tourner dans votre main jusqu’à ce qu’elle s’éteigne ; quand vous allez au lit, après avoir pissé, vous pouvez tremper le bout de la chandelle dans le pot de chambre ; vous pouvez cracher sur votre index et votre pouce et pincer la mèche. La cuisinière peut la fourrer dans le tonneau à farine, ou le groom dans un boisseau d’avoine, ou une botte de foin, ou dans la litière ; la fille de service peut éteindre la chandelle contre le miroir, que rien ne nettoie si bien que la mouchure de chandelle ; mais la plus prompte et la meilleure de toutes les méthodes est de la souffler, ce qui la laisse nette et plus facile à rallumer.

Il n’est rien de si pernicieux dans une maison qu’un rapporteur. Contre lui votre principale affaire à tous est de vous liguer ; quel que soit son genre de service, saisissez toutes les occasions de gâter ce qu’il fait, et de le traverser en tout. Par exemple, si c’est le butler, cassez ses verres chaque fois qu’il laisse la porte de l’office ouverte, ou enfermez-y le chat ou le gros chien, ce qui fera aussi bien ; égarez une fourchette ou une cuiller, de façon à ce qu’il ne la retrouve jamais. Si c’est la cuisinière, chaque fois qu’elle tourne le dos, jetez dans le pot un morceau de suie, ou une poignée de sel, ou des charbons fumants dans le lèche-frite, ou barbouillez le rôti contre le fond de la cheminée, ou