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dans la journée, serrez-les de côté pour vous régaler le soir en cachette avec vos camarades ; et mettez le butler de la partie, pourvu qu’il vous donne de quoi boire.

Écrivez votre nom et celui de votre bonne amie, avec la fumée de la chandelle, au plafond de la cuisine ou de l’office, pour montrer votre savoir.

Si vous êtes un jeune homme de bonne mine, chaque fois que vous parlez bas à votre maîtresse à table, fourrez-lui votre nez dans la joue ; ou si vous avez l’haleine fraîche, soufflez-lui en plein visage ; j’ai vu ceci avoir de très bons résultats dans les familles.

Ne venez jamais que vous n’ayez été appelé trois ou quatre fois, car il n’y a que les chiens qui viennent au premier coup de sifflet ; et quand le maître crie : « Qui est là ? » aucun domestique n’est tenu d’y aller ; car qui est là n’est le nom de personne.

Quand vous avez cassé en bas toutes vos tasses de faïence (ce qui ordinairement est l’affaire d’une semaine), la casserole servira tout aussi bien. On y peut bouillir du lait, chauffer le potage, mettre de la petite bière, ou, en cas de nécessité, remplacer un pot de chambre ; appliquez-la donc indifféremment à tous ces usages ; mais ne la nettoyez ni ne la récurez jamais, de peur d’enlever l’étamage.

Quoiqu’on vous ait affecté des couteaux pour vos repas à l’office, vous ferez bien de les ménager et d’employer ceux de votre maître.

Que ce soit une règle constante que ni chaise, ni