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les domestiques de ce qu’ils ne ferment pas les portes après eux ; mais ni les maîtres ni les maîtresses ne réfléchissent qu’il faut ouvrir ces portes avant de pouvoir les fermer, et que fermer et ouvrir les portes, c’est double peine ; le meilleur moyen donc, le plus court et le plus aisé est de ne faire ni l’un ni l’autre. Mais si vous êtes si souvent tourmenté pour fermer la porte qu’il vous soit difficile de l’oublier, alors poussez-la avec tant de violence en vous en allant que la chambre en soit ébranlée et que tout y tremble, afin de faire bien voir à votre maître ou maîtresse que vous suivez ses instructions.

Si vous voyez que vous faites des progrès dans les bonnes grâces de votre maître ou maîtresse, saisissez quelque occasion de leur demander d’un ton très doux votre compte ; et lorsqu’ils s’enquerront du motif, et qu’il paraîtra leur en coûter de se séparer de vous, répondez que vous aimeriez mieux vivre chez eux que chez n’importe qui, mais qu’un pauvre domestique n’est pas à blâmer s’il essaie d’améliorer sa condition ; que les gens qui servent n’ont pas de rentes ; que votre besogne est lourde, et que vos gages sont très légers. Là-dessus, votre maître, s’il a aucune générosité, ajoutera cinq ou six shillings par quartier, plutôt que de vous laisser partir ; mais si vous êtes pris au mot, et que vous n’ayez pas envie de partir, faites dire à votre maître par quelque camarade qu’il vous a décidé à rester.

Tous les bons morceaux que vous pouvez dérober