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sur les feuilles lorsqu’elles ont perdu leur force et leur goût. Je ne trouve pas de remède parfait à ces deux maux. Quant au premier, je pense qu’il devrait y avoir une ligue générale de tous les domestiques de chaque maison pour le bien public, à l’effet d’interdire la porte à ces revendeurs de porcelaine ; et quant au dernier, il n’est pas d’autre moyen de vous tirer d’affaire qu’une fausse clef, ce qui est chose difficile et dangereuse ; mais, pour ce qui est de l’honnêteté du fait, je n’ai aucun doute, quand votre maîtresse vous fournit un si juste grief en vous refusant un profit ancien et légal. La marchande de thé peut bien vous en donner de temps à autre une demi-once, mais ce n’est là qu’une goutte d’eau dans le seau ; c’est pourquoi j’ai peur que vous ne soyez forcée, comme le reste de vos sœurs, d’en acheter à crédit, et de le payer sur vos gages, autant qu’ils peuvent s’étendre, ce que vous pouvez facilement compenser d’autre côté, si votre maîtresse est jolie, ou que ses filles aient de bonnes dots.

Si vous êtes dans une grande maison, et au service de madame, vous plairez probablement à mylord, quoique vous ne soyez pas moitié aussi bien que sa femme. En ce cas, ayez soin de tirer de lui autant que vous pouvez ; et ne lui permettez aucune liberté, pas même de vous serrer la main, à moins qu’il ne mette une guinée dedans ; ainsi, par degrés, faites-le payer en conséquence pour chaque nouvelle tentative, doublant en proportion des concessions que vous lui faites, et toujours vous débattant et menaçant de crier, ou