Page:Swift - Instructions aux domestiques.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous vivez à la campagne, vous prenez soin des chambres où couchent les dames qui viennent à la maison, et c’est de là que viennent tous vos profits. Votre amoureux, à ce que je suppose, est le cocher ; mais si vous êtes au-dessous de vingt ans, et passablement bien, peut-être un laquais peut jeter les yeux sur vous.

Faites-vous aider par votre laquais favori à faire le lit de votre maîtresse ; et si vous servez un jeune couple, le laquais et vous, en retournant les draps, vous ferez les plus jolies observations du monde, qui, contées à l’oreille, seront très divertissantes pour toute la maison, et circuleront dans le voisinage.

Ne descendez pas les vases indispensables pour les faire voir aux gens, mais videz-les par la fenêtre, par considération pour votre maîtresse. Il est tout à fait inconvenant que les domestiques mâles sachent que les belles dames font usage de tels ustensiles ; et ne nettoyez pas le pot de chambre : l’odeur en est malsaine.

S’il vous arrive de casser quelque porcelaine avec le bout de la vergette, sur la cheminée ou sur le cabinet, ramassez les morceaux, rajustez-les aussi bien que possible, et mettez-les derrière le reste, afin que lorsque votre maîtresse viendra à les découvrir, vous puissiez dire en conscience qu’ils sont cassés depuis longtemps, avant votre entrée en service. Ceci épargnera à votre maîtresse plusieurs heures de vexation.

Il arrive parfois qu’un miroir se casse de la même manière ; tandis que vous regardez d’un autre côté en