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assez légères, car nous en pouvions tenir plus de cinquante dans la paume de nos mains.

« Tel est l’inventaire exact de tout ce que nous avons trouvé sur le corps de l’homme Montagne, qui nous a reçus avec beaucoup d’honnêteté et avec des égards conformes à la commission de votre majesté. Signé et scellé le quatrième jour de la lune, quatre-vingt-neuvième du règne très-heureux de votre majesté.

« Flessen Frelock, Marsi Frelock. »


Quand cet inventaire eut été lu en présence de l’empereur, il m’ordonna, en des termes honnêtes, de lui livrer toutes ces choses en particulier. D’abord il demanda mon sabre : il avait donné ordre à trois mille hommes de ses meilleures troupes qui l’accompagnaient de l’environner à quelque distance avec leurs arcs et leurs flèches ; mais je ne m’en aperçus pas dans le moment, parce que mes yeux étaient fixés sur sa majesté. Il me pria donc de tirer mon sabre, qui, quoiqu’un peu rouillé par l’eau de la mer, était néanmoins assez brillant. Je le fis, et tout aussitôt les troupes jetèrent de grands cris : il m’ordonna de le remettre dans le fourreau, et de le jeter à terre