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Il me repartit que, par les lois de l’empire, il fallait que je fusse visité par deux commissaires ; qu’il savait bien que cela ne pouvait se faire sans mon consentement ; mais qu’il avait si bonne opinion de ma générosité et de ma droiture, qu’il confierait sans crainte leurs personnes entre mes mains ; que tout ce qu’on m’ôterait me serait rendu fidèlement quand je quitterais le pays, ou que je serais remboursé selon l’évaluation que j’en ferais moi-même.

Lorsque les deux commissaires vinrent pour me fouiller, je pris ces messieurs dans mes mains. Je les mis d’abord dans les poches de mon juste-au-corps, et ensuite dans toutes mes autres poches.

Ces officiers du prince, ayant des plumes, de l’encre et du papier sur eux, firent un inventaire très-exact de tout ce qu’ils virent ; et, quand ils eurent achevé, ils me prièrent de les mettre à terre, afin qu’ils pussent rendre compte de leur visite à l’empereur.

Cet inventaire était conçu dans les termes suivans :

« Premièrement, dans la poche droite du juste-au-corps du grand homme Montagne (c’est ainsi que je rends ces mots Quinbus Flestrin), après une visite exacte, nous n’avons trouvé qu’un morceau de toile grossière, assez