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CHAPITRE X.

Félicité de l’auteur dans le pays des Houyhnhnms. — Les plaisirs qu’il goûte dans leur conversation ; le genre de vie qu’il mène parmi eux. — Il est banni du pays par ordre du parlement.

J’ai toujours aimé l’ordre et l’économie, et, dans quelque situation que je me sois trouvé, je me suis toujours fait un arrangement industrieux pour ma manière de vivre. Mais mon maître m’avait assigné une place pour mon logement environ à six pas de la maison ; et ce logement, qui était une hutte conforme à l’usage du pays, et assez semblable à celle des yahous, n’avait ni agrément ni commodité. J’allai chercher de la terre glaise, dont je me fis quatre murs et un plancher ; et, avec des joncs, je formai une natte dont je couvris ma hutte. Je cueillis du chanvre qui croissait naturellement dans les champs ; je le battis, j’en composai du fil, et de ce fil une espèce de toile, que je remplis de plumes d’oiseaux, pour être couché mollement et à mon aise. Je me fis une table et une chaise avec mon couteau et avec le secours de l’alezan. Lorsque