Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/378

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cas, les enfans qui naissent d’eux ne dégénèrent point, mais ressemblent et perpétuent heureusement les propriétés des auteurs de leur être.


CHAPITRE IX.

Parlement des Houyhnhnms. — Question importante agitée dans cette assemblée de toute la nation. — Détail au sujet de quelques usages du pays.

Pendant mon séjour en ce pays des Houyhnhnms, environ trois mois avant mon départ, il y eut une assemblée générale de la nation, une espèce de parlement, où mon maître se rendit comme député de son canton. On y traita une affaire qui avait déjà été cent fois mise sur le bureau, et qui était la seule question qui eût jamais partagé les esprits des Houyhnhnms. Mon maître, à son retour, me rapporta tout ce qui s’était passé à ce sujet.

Il s’agissait de décider s’il fallait absolument exterminer la race des yahous. Un des membres soutenait l’affirmative, et appuyait son avis de diverses preuves très-fortes et très-solides. Il prétendait que le yahou était l’animal le plus difforme, le plus méchant et le plus dangereux