avait continué cette guerre, où toutes les puissances de la chrétienté étaient engagées. Je lui dis que cette guerre funeste avait pu faire périr jusqu’ici environ un million de yahous ; qu’il y avait eu plus de cent villes assiégées et prises, et plus de trois cents vaisseaux brûlés ou coulés à fond.
Il me demanda alors quels étaient les causes et les motifs les plus ordinaires de nos querelles et de ce que j’appelais la guerre. Je répondis que ces causes étaient innombrables, et que je lui en dirais seulement les principales. Souvent, lui dis-je, c’est l’ambition de certains princes qui ne croient jamais posséder assez de terre ni gouverner assez de peuples. Quelquefois c’est la politique des ministres, qui veulent donner de l’occupation aux sujets mécontens. Ç’a été quelquefois le partage des esprits dans le choix des opinions. L’un croit que siffler est une bonne action, l’autre que c’est un crime : l’un dit qu’il faut porter des habits blancs, l’autre qu’il faut s’habiller de noir, de rouge, de gris : l’un dit qu’il faut porter un petit chapeau retroussé, l’autre dit qu’il en faut porter un grand dont les bords tombent sur les oreilles, etc. (J’imaginai exprès ces exemples chimériques, ne voulant pas lui expliquer les causes véritables de nos dissensions par rapport à l’opinion, vu que j’au-