je trouvai une grande quantité de terrines pleines de lait rangées très-proprement, J’en bus abondamment, et pris ma réfection fort à mon aise et de grand courage.
Sur l’heure de midi, je vis arriver vers la maison une espèce de chariot ou de carrosse tiré par quatre yahous. Il y avait dans ce carrosse un vieux cheval qui paraissait un personnage de distinction ; il venait rendre visite à mes hôtes et dîner avec eux. Ils le reçurent fort civilement et avec de grands égards : ils dînèrent ensemble dans la plus belle salle ; et, outre du foin et de la paille qu’on leur servit d’abord, on leur servit encore de l’avoine bouillie dans du lait. Leur auge, placée au milieu de la salle, était disposée circulairement, à peu près comme le tour d’un pressoir de Normandie, et divisée en plusieurs compartimens, autour desquels ils étaient rangés assis sur leurs hanches, et appuyés sur des bottes de paille. Chaque compartiment avait un râtelier qui lui répondait, en sorte que chaque cheval et chaque cavale mangeait sa portion avec beaucoup de décence et de propreté. Le poulain et la petite jument, enfans du maître et de la maîtresse du logis, étaient à ce repas, et il paraissait que leur père et leur mère étaient fort attentifs à les faire manger. Le gris-pommelé m’ordonna de venir auprès de