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destement sur leurs hanches. La cavale se leva à mon arrivée, et s’approcha de moi ; et, après avoir considéré attentivement mon visage et mes mains, me tourna le derrière d’un air dédaigneux, et se mit à hennir, en prononçant souvent le mot yahou. Je compris bientôt, malgré moi, le sens funeste de ce mot ; car le cheval qui m’avait introduit, me faisant signe de la tête, et me répétant souvent le mot hhuum, hhuum, me conduisit dans une espèce de basse-cour, où il y avait un autre bâtiment à quelque distance de la maison. La première chose qui me frappa les yeux, ce furent trois de ces maudits animaux que j’avais vus d’abord dans un champ, et dont j’ai fait plus haut la description : ils étaient attachés par le cou, et mangeaient des racines et de la chair d’âne, de chien et de vache morte (comme je l’ai appris depuis), qu’ils tenaient entre leurs griffes et déchiraient avec leurs dents.

Le maître cheval commanda alors à un petit bidet alezan, qui était un de ses laquais, de délier le plus grand de ces animaux et de l’amener. On nous mit tous deux côte à côte, pour mieux faire la comparaison de lui à moi, et ce fut alors que le mot yahou fut répété plusieurs fois ; ce qui me donna à entendre que ces animaux s’appelaient yahous. Je ne puis exprimer