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teurs qui s’étaient ainsi transformés en chevaux, avec quelque dessein, et qui, trouvant un étranger sur leur chemin, avaient voulu se divertir un peu à ses dépens, ou avaient peut-être été frappés de sa figure, de ses habits, et de ses manières. C’est ce qui me fit prendre la liberté de leur parler en ces termes : Messieurs les chevaux, si vous êtes des enchanteurs, comme j’ai lieu de le croire, vous entendez toutes les langues ; ainsi, j’ai l’honneur de vous dire en la mienne que je suis un pauvre Anglais, qui, par malheur, ai échoué sur ces côtes, et qui vous prie l’un ou l’autre, si pourtant vous êtes de vrais chevaux, de vouloir souffrir que je monte sur vous pour chercher quelque village ou quelque maison où je me puisse retirer. En reconnaissance, je vous offre ce petit couteau et ce bracelet.

Les deux animaux parurent écouter mon discours avec attention ; et quand j’eus fini, ils se mirent à hennir tour à tour tournés l’un vers l’autre. Je compris alors clairement que leurs hennissements étaient significatifs, et renfermaient des mots dont on pourrait peut-être dresser un alphabet aussi aisé que celui des Chinois.

Je les entendis souvent répéter le mot yahou, dont je distinguai le son sans en distinguer le sens, quoique, tandis que les deux chevaux