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immédiatement, et d’où il espérait recevoir réponse dans quinze jours. On me donna un logement convenable, et on mit une sentinelle à ma porte. J’avais un grand jardin pour me promener, et je fus traité assez bien aux dépens du roi. Plusieurs personnes me rendirent visite, excitées par la curiosité de voir un homme qui venait d’un pays très-éloigné, dont ils n’avaient jamais entendu parler.

Je fis marché avec un jeune homme de notre vaisseau pour me servir d’interprète. Il était natif de Luggnagg ; mais, ayant passé plusieurs années à Maldonada, il savait parfaitement les deux langues. Avec son secours je fus en état d’entretenir tous ceux qui me faisaient l’honneur de me venir voir, c’est-à-dire d’entendre leurs questions et de leur faire entendre mes réponses.

Celle de la cour vint au bout de quinze jours, comme on l’attendait : elle portait un ordre de me faire conduire avec ma suite par un détachement de chevaux à Traldragenb ou Trildragdrib ; car, autant que je m’en puis souvenir, on prononce des deux manières. Toute ma suite consistait en ce pauvre garçon qui me servait d’interprète, et que j’avais pris à mon service. On fit partir un courrier devant nous, qui nous devança d’une demi-journée, pour don-