les secrétaireries des ambassadeurs pour en tirer des anecdotes curieuses.
Ce fut là que j’appris les causes secrètes de quelques événements qui ont étonné le monde ; comment une P. avait gouverné un confident, un confident le conseil secret, et le conseil secret tout un parlement.
Un général d’armée m’avoua qu’il avait une fois remporté une victoire par sa poltronnerie et par son imprudence ; et un amiral me dit qu’il avait battu malgré lui une flotte ennemie, lorsqu’il avait envie de laisser battre la sienne. Il y eut trois rois qui me dirent que, sous leur règne, ils n’avaient jamais récompensé ni élevé aucun homme de mérite, si ce n’est une fois que leur ministre les trompa, et se trompa lui-même sur cet article ; qu’en cela ils avaient eu raison, la vertu étant une chose très-incommode à la cour.
J’eus la curiosité de m’informer par quel moyen un grand nombre de personnes étaient parvenues à une très-haute fortune. Je me bornai à ces derniers temps, sans néanmoins toucher au temps présent, de peur d’offenser même les étrangers (car il n’est pas nécessaire que j’avertisse que tout ce que j’ai dit jusqu’ici ne regarde point mon cher pays). Parmi ces moyens, je vis le parjure, l’oppression, la subornation,