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dont ils avaient été tirés, par la séparation des parties diverses, et par la dépuration de la teinture que l’excrément reçoit du fiel, et qui cause sa mauvaise odeur. On lui donnait toutes les semaines, de la part de la compagnie, un plat rempli de matières, environ de la grandeur d’un baril de Bristol.

J’en vis un autre occupé à calciner la glace, pour en extraire, disait-il, de fort bon salpêtre, et en faire de la poudre à canon : il me montra un traité concernant la malléabilité du feu, qu’il avait envie de publier.

Je vis ensuite un très-ingénieux architecte, qui avait trouvé une méthode admirable pour bâtir les maisons en commençant par le faîte et en finissant par les fondemens ; projet qu’il me justifia aisément par l’exemple de deux insectes, l’abeille et l’araignée.

Il y avait un homme aveugle de naissance qui avait sous lui plusieurs apprentis aveugles comme lui. Leur occupation était de composer des couleurs pour les peintres. Ce maître leur enseignait à les distinguer par le tact et par l’odorat. Je fus assez malheureux pour les trouver alors très-peu instruits ; et le maître lui-même, comme on peut juger, n’était pas plus habile.

Je montai dans un appartement où était un grand homme qui avait trouvé le secret de la-