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ma bénédiction ; mais je ne pus la distinguer que lorsqu’elle fut levée, ayant été depuis si long-temps accoutumé à me tenir debout, avec ma tête et mes yeux levés en haut. Je regardai tous mes domestiques et un ou deux amis qui se trouvaient alors dans la maison, comme s’ils avaient été des pygmées et moi un géant. Je dis à ma femme qu’elle avait été trop frugale, car je trouvais qu’elle s’était réduite elle-même et sa fille presque à rien. En un mot, je me conduisis d’une manière si étrange qu’ils furent tous de l’avis du capitaine quand il me vit d’abord, et conclurent que j’avais perdu l’esprit. Je fais mention de ces minuties pour faire connaître le grand pouvoir de l’habitude et du préjugé.

En peu de temps, je m’accoutumai à ma femme, à ma famille et à mes amis ; mais ma femme protesta que je n’irais jamais sur mer ; toutefois, mon mauvais destin en ordonna autrement, comme le lecteur le pourra savoir dans la suite. Cependant, c’est ici que je finis la seconde partie de mes malheureux voyages.


Fin du tome premier.