Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

suivaient pas toujours aveuglément l’avis du pair et ne servaient pas sa passion ou son préjugé dans l’assemblée du parlement.

Il voulut savoir comment on s’y prenait pour l’élection de ceux que j’avais appelés les communes ; si un inconnu, avec une bourse bien remplie d’or, ne pouvait pas quelquefois gagner le suffrage des électeurs à force d’argent, se faire préférer à leur propre seigneur, ou aux plus considérables et aux plus distingués de la noblesse dans le voisinage ; pourquoi on avait une si violente passion d’être élu pour l’assemblée du parlement, puisque cette élection était l’occasion d’une très-grande dépense, et ne rendait rien ; qu’il fallait donc que ces élus fussent des hommes d’un désintéressement parfait et d’une vertu éminente et héroïque, ou bien qu’ils comptassent d’être indemnisés et remboursés avec usure par le prince et par ses ministres, en leur sacrifiant le bien public. Sa majesté me proposa sur cet article des difficultés insurmontables, que la prudence ne me permet pas de répéter.

Sur ce que je lui avais dit de nos cours de justice, sa majesté voulut être éclaircie touchant plusieurs articles. J’étais assez en état de la satisfaire, ayant été autrefois presque ruiné par un long procès de la chancellerie, qui fut néanmoins