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du roi, vint ordonner à mon maître de m’amener incessamment à la cour pour le divertissement de la reine et de toutes ses dames. Quelques-unes de ces dames m’avaient déjà vu, et avaient rapporté des choses merveilleuses de ma figure mignonne, de mon maintien gracieux, et de mon esprit délicat. Sa majesté et sa suite furent extrêmement diverties de mes manières. Je me mis à genoux et demandai d’avoir l’honneur de baiser son pied royal ; mais cette princesse gracieuse me présenta son petit doigt, que j’embrassai entre mes deux bras, et dont j’appliquai le bout avec respect à mes lèvres. Elle me fit des questions générales touchant mon pays et mes voyages, auxquelles je répondis aussi distinctement et en aussi peu de mots que je pus : elle me demanda si je serais bien aise de vivre à la cour ; je fis la révérence jusqu’au bas de la table sur laquelle j’étais monté, et répondis humblement que j’étais l’esclave de mon maître ; mais que, s’il ne dépendait que de moi, je serais charmé de consacrer ma vie au service de sa majesté ; elle demanda ensuite à mon maître s’il voulait me vendre. Lui, qui s’imaginait que je n’avais pas un mois à vivre, fut ravi de la proposition, et fixa le prix de ma vente à mille pièces d’or qu’on lui compta sur-le-champ. Je dis alors à la reine que, puisque j’é-