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solitude.

XL.

AGONIE.


Dans la chambre voilée où l’Amour agonise,
J’entre, le cœur tremblant, comme dans une église,
Palpitant de douleur et de frayeur un peu.
Et ses doux yeux mourants, encor pleins de ciel bleu,
Se lèvent lentement et j’entends leur reproche.
— « Oh ! pourquoi, » disent-ils, « quand la mort semble proche
Me faut il si longtemps languir exténué
Et souffrir ? »
— « Mon Amour, c’est qu’il t’a mal tué.
La main de l’assassin tremblait d’émoi, peu sûre,
Mais je vois tout ton sang couler de ta blessure
Et tu mourras demain. »
— « Ose donc achever
Son œuvre ! »
— « Ô doux Amour ! je ne sais que rêver
Et chanter en pleurant ma chanson monotone,
Comme le vent plaintif dans la forêt d’automne.