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hélène swarth.


XXVI.

ENNUI.



Le pâle Ennui des heures vides
S’est installé dans mon cœur noir.
Le regard de ses yeux arides
Boit mon courage et mon espoir.

Il me regarde, morne et blême,
Quand sous des vers j’écris mon nom.
Semant de cendre mon poème,
Il baille et soupire : — « A quoi bon ? »

De sa voix triste et monotone
Il lit dans mon livre avec moi.
Rien ne m’émeut, rien ne m’étonne :
Il m’a pris le charme et l’émoi.

Quand je m’égare à la campagne,
Pour échapper à son regard,
Son mot sinistre m’accompagne :
— « N’espère plus, il est trop tard. »