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63.
solitude.

XVIII.

LE SERPENT.


J’ai réveillé dans mon cœur noir
Le serpent de mon désespoir.

Je l’avais nourri de colombes
Que j’avais prises sur mes tombes,

Les colombes de mes amours
Qui roucoulaient toujours : — « Toujours ! »

Palpitant de sinistre joie,
Il engouffra la douce proie.

Après, il s’enroula, gavé,
Dans mon cœur noir, de pleurs lavé.

Sommeil trop lourd, angoisse neuve…
J’ai dû crier pour qu’il s’émeuve.

Il a faim, mon serpent vainqueur :
Il va me dévorer le cœur.