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regrets.

XXIII.

LA VÉRANDA.


Je ne sais trop si j’aime ou non la véranda,
D’où je vois, blonds et verts, les blés et les bois proches,
Coquette, ornée élégamment d’aristoloches,
Et qui me fait rêver aux décors d’opéra

Et me rappelle aussi mon cher petit théâtre
D’enfant, en carton peint, avec son bois profond.
Le feuillage automnal sur la toile de fond
Me faisait frissonner de frayeur, près de l’âtre.

Une tristesse amère et très-douce à la fois
Faisait couler de longs frissons dans mon corps frêle.
Et mon cœur sanglotait comme une tourterelle :
— « Les lauriers sont coupés, nous n’irons plus au bois. »

Mais si lui qui ne m’aime plus m’aimait encore
Et me prenait la main comme aux jours d’autrefois,
J’aimerais le blond clair des blés, le vert des bois,
Le bleu du ciel, le cri joyeux du coq sonore.