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hélène swarth.

CXIX.

PRIÈRE POUR L’AIMÉ.


J’ai fui la rue affreuse et les rumeurs brutales,
Ô chère âme ! en l’asile odorant d’une église.
Le front dans les deux mains, à genoux sur les dalles,
J’ai prié Dieu pour qu’il t’élise et te conduise.

Je n’ai pas réclamé la part qui m’était due.
J’ai prié le Dieu fort de veiller sur mon ange.
Et j’ ai pu traverser les rumeurs de la rue,
Le cœur las, sans révolte et plein d’un calme étrange.

Ami, baise mon front sacré par l’eau bénite,
Ami, prends-moi les mains jointes pour la prière.
Veux-tu prier pour moi, que la mort vienne vite
Bercer mon cœur dolent dans ses doux bras de mère ?

Non, ce n’est pas la mort que mon désir réclame ;
Je serais morne au ciel, cherchant en vain ma joie.
Non, je veux vivre encor tant que tu vis, chère âme,
Mais s’il faut que je vive il faut que je te voie.