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hélène swarth.

XLVIII.

SOUFFRANCE.


Dis, quand tu viens t’asseoir dans ma tiède cellule,
Viens-tu pour aspirer l’arome de mon cœur,
Comme une fleur d’automne, au pâle crépuscule,
Exhalant des parfums d’amour et de langueur ?

Dans l’asile apaisant de cette chambre close
Où je laisse mes yeux de larmes s’endeuiller,
Prends-tu mon cœur souffrant comme on cueille une rose,
Et bois-tu son haleine avant de l’effeuiller ?

Cher, pour ne pas blesser ta main qui la torture,
La rose a replié ses épines, tu sais
Qu’elle t’aime et pourtant son long supplice dure.
Oh ! laisse-la mourir, la fleur que tu froissais.

Ami, que t’ai-je fait ? Mon cœur voulait éclore.
Tu le vois sans défense et tu lui fais du mal.
Tu sais bien qu’il n’avait besoin pour vivre encore
Que d’un peu de rosée et d’un peu d’air natal.