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hélène swarth.

XLVI.

AMITIÉ.


Je ne veux le maudire et ne puis le bénir.
Il m’a pris le passé, il m’a pris l’avenir
Et sa haine a souillé mon plus doux souvenir.

Je voudrais remonter le courant du passé,
Pour qu’un ilôt d’oubli, par le fleuve embrassé,
Offre un paisible asile à mon amour lassé.

Mais l’Ile de la Joie a sombré dans les flots,
Les bâteaux sont perdus et morts les matelots.
Mon cœur amer et las me condamne aux sanglots.

Ami, tends-moi la main, si douce à la douleur,
Ami, dernier ami, mets la main sur mon cœur
Et laisse-moi pleurer, c’est mon dernier bonheur.