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rêves d’automne.

XVIII.

JOUR DES MORTS.


Chère âme, c’est le Jour des Morts.
Je n’ai pas visité mes tombes
Et mon cœur est plein de remords.

Viens, prends mes roses, mes colombes
— Vois, leurs pieds frêles sont liés ! —
Nous en ferons des hécatombes.

Viens, courons vers les oubliés,
Faisons neiger les roses blanches
Et pleuvoir le sang des ramiers.

La lune est triste entre les branches,
Pâle dans un halo de pleurs.
J’ai peur : les morts ont leurs revanches.

Non, c’est cruel, ramiers et fleurs —
N’effeuillons pas ces fleurs écloses,
Ne tuons pas ces roucouleurs.