Page:Swarth - Octobre en fleur, 1919.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
souvenances.

III.

JOUR DE NOVEMBRE.


C’était un jour gris de Novembre,
T’en souvient-il ?
Dans l’atmosphère de la chambre
Planait comme un émoi d’Avril.
Mes cheveux effleuraient ta joue,
Tu lisais des vers de Ronsard :

— « Quand vous serez bien vieille… » et, tel l’enfant qui joue,

Tu prenais mon cœur, par hasard.
J’étais heureuse, je l’avoue,
Le désespoir viendrait plus tard.
Je vivais, jouissant de l’heure,
N’osant presque pas respirer,
De peur que mon souffle n’effleure

Ce bonheur frais et frêle et peu fait pour durer.

Oh ! ce dimanche de Novembre !

Tout-à-coup,

Te levant pour montrer un tableau, dans la chambre,

Tu m’as baisée au cou.