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souvenances.

II.

ESPOIR D’ENFANT.


— « Oh ! viens, mon bien-aimé, nous marierons nos âmes »,
Priais-je, ouvrant les bras pour enlacer l’ami.
Et mon cœur ingénu, d’où s’élancaient des flammes,
Palpitait d’espérance et tremblait d’infini.

J’étais l’enfant-poète, ivre d’un rêve étrange.
Quand le vent soulevait mes blonds cheveux bouclés,
Je me sentais frôler par les ailes d’un Ange,
Je voyais ses yeux d’or dans les cieux étoilés.

L’âme-sœur qu’invoquaient ma prière et mon rêve,
Toute ma vie en pleurs, je l’attendis en vain.
Depuis, dans mes cheveux, quand le vent les soulève,
Je ne sens plus frémir le mystère divin.

Plus d’un m’a dit : — « Je t’aime, oh ! voulons-nous ensemble
Aller reconquérir le paradis perdu ?
C’est moi ton âme-sœur, viens, mets ta main qui tremble
Dans ma main pour trouver le ciel qui nous est dû ! »