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DESCARTES ET CHRISTINE DE SUÈDE

tières acquittaient les fournisseurs avec une partie des objets volés (colliers, argenterie, voitures) ; Grandemaria se plaignait au Pape. Christine grondait le grand écuyer della Cueva, et les choses allaient comme auparavant.

Quant à Christine, dont le pape aurait voulu faire une sorte de dévote couronnée, elle se refusait à pratiquer pour l’édification de la galerie ; ces démonstrations extérieures lui paraissaient de l’hypocrisie ; de plus, elle se moquait des pudibonderies de Rome, où les femmes étaient enfermées à l’orientale, elle restait seule, en tête à tête, avec des hommes sans permettre qu’on y trouvât à dire. Aussi, le Pape redoutait-il qu’au lieu d’apporter des trésors aux Romains, la Reine restât à sa charge.

Cependant, Christine commençait à se brouiller avec son entourage espagnol, et on sait qu’en Italie il fallait être alors, soit du parti français, avec les cardinaux d’Este et Antoine Barberini, ou du parti espagnol, avec les cardinaux de Médicis. Il est vrai qu’il y avait ce qu’on appelait « l’escadron volant » composé des créatures d’Innocent X ; on y voyait briller les cardinaux Lomellino, Imperiani, Homodei, Ottoboni, Acuaviva, le cardinal de Retz, et par dessus tous, Decio Azzolino, qui en était l’âme et le directeur, sinon le chef reconnu. Né le 11 avril 1623, à Fermo, dans les Marches, d’une famille de petite noblesse, il avait été créé cardinal par Innocent X, en mars 1054, après qu’il eut suivi dans sa nonciature en Espagne, et plus tard, au Secrétariat d’État, le cardinal Panciorelli.