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un vague sourire, et pousser un petit ricanement d’aise, de temps en temps, quand on leur chatouille la nuque ! »

Je me renfonce, songeuse, sur le divan poussiéreux, habillé d’un crépon approximativement japonais. Je suis dans l’atelier de Barral, au dernier étage d’une antique maison de la place Dauphine. Une splendide perspective d’eau, de vieilles pierres et d’arbres dépouillés s’encadre dans la baie qui donne sur la pointe du Vert-Galant. L’atelier de Barral est un peu fouillis ; on y voit des armes, des déguisements confectionnés par lui-même pour le bal des Quat’z’Arts, des marrons qu’il a drôlement peints et sculptés ; et, sur le panneau qui me fait face, s’étale ce qu’il appelle sa galerie de tableaux de maîtres. C’est désolant. Il y a là une enseigne de sage-femme découvrant une foule de bébés dans des choux, qu’il a signée Lobrichon ; une grande chromo-réclame pour un savon, représentant une odalisque coiffée de paillettes, signée cette fois Achille Fould ; une de ces affreuses réclames qui décorent les cafés, où l’on voit une bouteille d’absinthe Cusenier, un porte-allumettes et un journal déployé, le tout sous la pseudo-signature Blaise Desgoffes, — j’en passe et des meilleurs…

« Écoutez, Barral, mon ami, vous me faites là