Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 38 —

paraît fort bien connaître ; on entend la pelle qui s’enfonce dans l’anthracite avec une vigueur terrible, comme s’il avait l’intention d’en extirper dix kilos d’un coup. Je crois bien qu’elle s’enfonce deux ou trois fois. Puis, il sort, avec un oblique salut à notre adresse, et redégringole bruyamment l’escalier de bois.

« C’est Alkatchev, mon voisin d’en dessous, explique Cardoc ; il est très gentil ; il me rend beaucoup de services. On s’aide comme ça, l’un l’autre…

— Hem… oui, évidemment, parbleu. Dis donc, alors, continue Barral, c’est moi qui vais te taper maintenant. Tu as fait des études d’animaux féroces au Jardin des Plantes, n’est-ce pas ?

— Oui ; j’en ai fait pas mal.

— Eh bien, j’aurais besoin d’un lion ; deux lions, même. C’est pour un bas-relief qui représente une dompteuse dans une foire…

— Attends, je vais te trouver ça. »

D’un pas traînant, qui boite légèrement, il va déplacer un grand carton à dessins posé contre le mur, tandis que Barral me lance un clin d’œil, soulignant le succès de sa ruse. Je me rapproche. Cardoc, assis par terre, les jambes croisées, déploie une pile de panneaux, matelassés de poussière grise, parmi