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hier dessiner d’après moi pendant que je passais ! »

Elle paraît un peu gênée, puis se met à rire.

« Oui ; mon mari est indiscret, n’est-ce pas !… Mais voilà ; il a commencé une figure de Walkyrie qui le tourmente beaucoup parce qu’il n’a pas trouvé de modèle qui lui plaise, et il cherchait peut-être à attraper quelque chose de votre profil… Vos cheveux, surtout, le ravissent.

— En tous cas, il ne peut pas en faire grand’chose avec des croquis au crayon ! Si cela peut lui rendre service, je ne demande pas mieux que de lui poser une petite étude.

— Oh ! vous êtes trop aimable, Mademoiselle… Rousset et moi, nous ne voudrions pas abuser… »

Rousset, c’est le mari. Je lui certifie que Rousset n’abusera aucunement ; et elle m’invite séance tenante à venir leur rendre visite cet après-midi pour prendre rendez-vous. « Il y aura un modèle », me prévient-elle ; et elle ajoute : « C’est une personne très bien. »

À quatre heures, je vais tirer la cloche qui se niche, au-dessus de leur grille, dans un tel fouillis de lierre que le son en est tout matelassé. La petite fille de trois ans vient, en décrochant son petit bras, m’ouvrir la porte. Un gros poupard rouge aux yeux en