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les chalands gris foncé filant silencieusement ; et, au premier plan, les feuilles mordorées des platanes, s’égrenant une à une sur les boîtes des bouquinistes. Quelques instants, nous savourons alors la beauté de cette atmosphère spéciale aux ciels parisiens, et qui vient des brumes de cet îlot marécageux, où la lointaine tribu des Parisis fonda ce qui devint, on ne sait pourquoi, la première ville du monde…

« Vous ne connaissez pas les coins les plus curieux de Paris, dit tout à coup Barral. Il faudra que je vous montre le quartier des Gobelins, la vieille église de Charonne, le Château Rouge, rue Galande…

— Avec plaisir. Et je vous jouerai du Wagner, en retour.

— Ça, c’est gentil. Comment ferons-nous pour éloigner la bonne de la mère Bol, par exemple ? parce que, sans ça, elle cafarderait que je suis venu en son absence…

— Quelle idée ! je n’ai pas l’intention de m’en cacher !

— Oh ! zut alors, vous ne connaissez pas la mère Bol ; ça fera des histoires… Enfin, en attendant, je vous mettrai un mot pour se retrouver un jour. Vous voici arrivée.

— Au revoir, Monsieur Barral.

— Au revoir, Mademoiselle… »